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Dossier Japon - Yakuza : Origine et rituels de l'organisation criminelle japonaise

Définition du yakuza

Deux Yakuzas pendant un festival

Nom donné par la police et la presse :  Bōryokudan (暴力団 - “Groupe de violence”)

Nom donné par les membres : Ninkyō dantai (任侠団体 - “Organisation chevaleresque”)

Yakuza (ヤクザ) est la plus grande faction criminelle au Japon et du monde, notamment avec plus de 100 000 membres.

On pense que le mot yakuza ("bon à rien") a pour origine le nom donné à une main sans valeur dans un jeu de cartes japonais similaire au baccarat ou au blackjack. En effet, les cartes ya-ku-sa ("huit-neuf-trois"), une fois additionnées, donnent le pire total possible dans ce jeu japonais nommé Oicho-Kabu.

C'est une combinaison perdante du jeu, ce qui sous-entend que les Yakuzas sont des perdants, des parias de la société.

Origine des yakuza

Bien que cette mafia soit originaire du Japon, son histoire suscite toujours beaucoup de questions quant à l'origine de ses membres.

Les yakuzas ont fait leur première apparition à l'époque Edo. Des faits historiques datent leur émergence vers le 8ème siècle, en tant que descendants des Kabuki-mono, des samouraïs qui travaillaient sous l'égide du shogun pendant l'ère Tokugawa. L'instauration de la "Pax Tokugawa" a conduit ces hommes au chômage, les poussant ainsi à devenir des criminels.

Ils ont commis diverses atrocités contre le peuple japonais et étaient connus pour leurs extravagances et leur habileté à manier l'épée. Cependant, aucune source écrite ne fournit de preuve concrète établissant une relation entre les yakuzas et ces criminels. Les yakuzas affirment eux-mêmes être des descendants directs du groupe des Machi-Yakko (serviteurs de la ville).

Pour se protéger contre les exactions commises par ces samouraïs déchus (ronins), certains auraient formé un groupe de justiciers. C'est parmi ces défenseurs des opprimés que les yakuzas ont puisé leurs coutumes (comme le yubitsume et l'irezumi). Ainsi, deux castes distinctes sont apparues :

  • Les Bakuto, également connus sous le nom de "joueurs professionnels", qui agissaient comme des justiciers autoproclamés dans les villes et dominaient également le marché des jeux de hasard. En fait, ces jeux sont restés l'activité la plus lucrative des yakuzas.
  • Les Tekiya, qu'on trouvait dans les rues en tant que marchands ambulants, vendant une variété de produits à bas prix.

Crimes, activités et hiérarchie des yakuzas

Kabukicho, le quartier chaud de Tokyo, occupé par les yakuza

La mafia japonaise commet peu de meurtres ou vols. Elle est impliquée dans l’extorsion, détournement de fonds, prostitution, jeux d’argent, blanchiment d’argent, trafic d’armes et de drogue.

Les membres Yakuza sont intégrés dans la société, dirigent ou offrent une protection à certains établissements, notamment dans des quartiers rouges comme le Kabukichō de Shinjuku.

Les Yakuzas sont exclusivement composés d'hommes. Les femmes sont peu visibles, leur rôle se limitant principalement à un soutien discret (surtout dans les lieux de divertissement). Les clans yakuzas recrutent leurs membres directement au sein de la communauté burakumin ou parmi les Coréens.

La structure hiérarchique de la mafia japonaise est assez semblable à celle de la mafia sicilienne. Elle est pyramidale et familiale, avec les niveaux suivants :

  • Oyabun : également appelé kumicho, équivalent du « parrain ». Comme dans le système féodal, c'est un titre héréditaire transmis de père en fils. Tout membre qui rejoint les yakuzas devient un protégé (kobun) et prête serment de fidélité et d'obéissance envers l'oyabun. Les deux sont tenus par un code moral (le code du jingi), et le kobun peut éventuellement devenir parrain pour élargir l'organisation.
  • Saiko-komon : conseillers qui assistent le chef de famille. Il s'agit d'un poste administratif qui supervise les avocats, les trésoriers, etc.
  • Waka-gashira : sous l'oyabun, il est le numéro deux de la famille (sorte de bras droit). Il reçoit des ordres directs du patriarche et supervise les cadres, tels que les directeurs.
  • Shatei-gashira : de rang inférieur au waka-gashira en termes d'autorité, il sert d'intermédiaire entre le numéro deux du clan et les membres intermédiaires.
  • Wakashu : rang intermédiaire composé des kyodai (grands frères) et en bas de la hiérarchie, les shatei (petits frères). Le junkōseiin est l'apprenti de la famille.

Rituels et coutumes du gang yakuza

Un chef yazuka entouré de ses sbires

Semblable à la mafia italienne, la hiérarchie yakuza prend la forme d'une famille. Le chef de tout gang ou conglomérat de yakuza est connu sous le nom de oyabun ("patron/parrain" ; qui veut dire littéralement "parent"), et les adeptes sont connus sous le nom de kobun ("protégés" ou "apprentis" ; considérés comme les enfants).

Malgré leur image de gangsters, ils suivent un code d’honneur, comme les samouraïs. Loyaux, ils sont interdits de cacher de l’argent au groupe, d’aller à la police ou de désobéir à un supérieur. 

Le kobun prête traditionnellement un serment d'allégeance dans le sang lors dela cérémonie d’intronisation Sakazuki. Un membre qui enfreint le code yakuza doit faire preuve de pénitence via un rituel dans lequel le kobun coupe son petit doigt et le présente à son oyabun : c'est le Yubitsume.

Ce rituel cause aujourd'hui des problèmes pour tous les anciens yakuzas, qui ont du mal à se réinsérer dans la société. Ils se voient par exemple interdits d'ouvrir un compte en banque et d'avoir un travail normal de bureau : ils finissent souvent dans les métiers de la construction.

Selon les estimations de la police, l'adhésion aux gangs a atteint son niveau le plus élevé, environ 184 000, au début des années 1960. Cependant, au début du 21e siècle, leur nombre était tombé à environ 80 000, répartis à peu près également entre les membres réguliers et les associés.

Les membres sont organisés en centaines de gangs, la plupart d'entre eux affiliés sous l'égide de l'un des quelque 20 gangs principaux. Le plus grand conglomérat est le Yamaguchi-gumi, fondé vers 1915 par Yamaguchi Harukichi.

Le Yamaguchi-gumi, la plus grande famille de yakuza

Ses activités principales étaient centrées autour du divertissement et des jeux. Elle est l'une des plus grandes organisations criminelles à l'échelle mondiale et également l'une des plus riches. Selon une évaluation statistique, en 2010 cette famille représentait plus de 40% des yakuzas présents au Japon.

Dans le domaine du crime organisé, le Yamaguchi-gumi génère plusieurs milliards de dollars chaque année grâce à ses activités illégales. Parmi celles-ci, on peut citer le trafic d'armes et de drogues, la prostitution, l'extorsion de fonds et la pornographie.

Shinobu Tsukasa est le nouveau chef de la famille, ayant pris le pouvoir en 2005 après la retraite de Watanabe Yoshinori. En 2007, Tsukasa a lancé une campagne d'expansion à Tokyo, où il a établi son quartier général. L'ancien quartier général, situé à Kobe, est désormais sous la gouvernance du Kobe Yamaguchi-gumi, un groupe sécessionniste composé de clans exclus du Yamaguchi. Malgré les lois de plus en plus sévères contre les yakuzas et leur image ternie, le Yamaguchi-gumi tente de perdurer.

Les tatouages du yakuza

Avant et arrière du corps tatoué d'un yakuza

Tatouage = preuve de courage et loyauté des nouveaux membres, signe d’appartenance à un clan et représentation des forces du yakuza (détermination - carpe Koï, courage - tigre, puissance - dragon)

Ils recouvrent le dos, fesses, cuisses, torse et bras. Des parties sont laissées nues pour que l’irezumi soit dissimulé par les vêtements (visage, mains, pieds, ligne au milieu du torse).

Le problème des tatouages si visibles ? Impossible pour les yakuza d'accéder à la plupart des bains publics et autres onsen japonais.

 

Les yakuzas sont-ils gentils ?

Des Yakuzas pendant un festival de nuit

Bien qu’utilisant souvent le chantage, l’organisation a beaucoup aidé après les tremblements de terre. Par exemple en fournissant des services de secours, en accueillant des personnes dans leurs bureaux. 

Ils participent à des festivals, comme Sanja Matsuri (où ils dévoilent leurs tatouages).

Toutefois, il vaut mieux ne jamais les froisser.


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